Verdi, Le révolutionnaire
Le nom de Verdi est immanquablement rattaché en Italie à celui de l’opéra. Au XIXème siècle, ce pays demeure avec Richard Wagner, le point de mire international en matière d’art lyrique, curieusement né la même année que lui en 1813.
Musicien patriote, Verdi sut transposer en son théâtre les espoirs de renouveau du peuple en lui insufflant une énergie et une vitalité nouvelles.
L’air "Va pensiero" de son opéra Nabucco doit certes son succès à la force dramatique du sujet mais aussi au fait que le courage du peuple hébreu opprimé fut saisi par les auditeurs comme une expression de leur propre condition. Il s’en est même fallu de peu pour que ce célèbre choeur ne devienne l’hymne national italien !
Verdi, dont - curieuse coïncidence - les lettres de son nom correspondent aux initiales de Victor Emmanuel Roi D’Italie, devint le barde du mouvement révolutionnaire visant à unifier l’Italie, le slogan "Viva Verdi" étant , dès 1859, le symbole de l’aspiration à l’unité nationale.
Verdi, pas qu'un passeur
Mais il ne serait pas exact de réduire l’art de Verdi à celui de passeur de propagande nationaliste ! Verdi est avant tout un remarquable mélodiste, qualité qui contribua à imposer son oeuvre dans toutes les maisons d’opéra d’Europe. Son efficacité réside aussi en une remarquable introspection psychologique de l’humain en laquelle s’interpénètrent la juste expression de l’amour, la haine, la jalousie, l’amitié, la politique...
Remarquablement orchestrés, ses opéras symbolisent un type de perfection conçu à la fois pour l’élite et le peuple, son langage musical se caractérisant par des mélodies enflammées cheminant auprès de choeurs vigoureux.
Conformes à l’image du "bel canto" italien, les voix de ses héros sont extraverties, rayonnantes et souples. Celui qui se surnommait l’ "Attila de la voix" affectionnait en effet le grand chant large, favorisant le libre épanchement des sentiments. Il est évident que cette primauté de l’élément vocal contribua à la montée en popularité de Verdi !
C’est pourquoi nous n'avons pas résisté au plaisir d'être venu entendre ou réentendre les plus remarquables airs d’AÏda, Traviatta, RIgoletto…
Par Denise Claisse agrégée de musique et docteur en musicologie